Fin d’année 2022 les Notaires de France ont remarqué une accélération des ventes des biens qualifiés de passoires énergétiques depuis 2021. A croire que les propriétaires se délestaient d’un poids avant que ne tombe le couperet des interdictions ou de la mise en place des obligations d’audit énergétique, mais la réalité a l’air plus nuancée.
Depuis la loi Climat et résilience et son florilège de contraintes pour les passoires, les professionnels de l’immobilier signalent davantage de ventes sur les logements dont la note du DPE vente est en bas de pyramide.
Prenons pour exemple SeLoger et MeilleursAgents qui ont déjà communiqué sur l’augmentation des petites annonces de logements classés F ou G sur leurs sites.
Dès le dernier trimestre 2021, SeLoger parlant de véritable “boom “: +70% de passoires en vente sur Nantes, +72% sur Paris et +42% sur Lille… »
Dès lors les notaires viennent confirmer cette tendance puisque Les logements énergivores représentent 17% des transactions, mais “ils ont vu leur part augmenter significativement entre le 3e trimestre 2021 et le 1er semestre 2022″.
C’est encore plus flagrant pour les biens étiquetés G, qui ont vu leur nombre augmenter de 3% au 3e trimestre 2021 à 7% six mois plus tard.
Le Conseil supérieur du notariat (CSN) propose une explication: “l’interdiction à la location, dès 2023, d’une partie des logements de classe G (…) annoncée en 2021, a accéléré la décision de vendre chez les propriétaires des bien énergivores”. Les pires passoires énergétiques, celles avec une consommation en énergie finale supérieure à 450 kWh/m²/an, sont en effet interdites depuis le début du mois. Les autres logements en G seront eux concernés en 2025. Plutôt que de se voir contraints à rénover, leurs propriétaires préfèrent se séparer dès à présent de leurs biens.
Cette explication peut néanmoins être affinée
Une raison qui semble aussi provenir d’un aspect technique.
le nouveau DPE en vigueur depuis juillet 2021 a modifié la répartition des classes énergétiques, entraînant une inflation mécanique des étiquettes F et G.
Le DPE étant devenu opposable et le déclaratif sur l’honneur du propriétaire concernant l’isolation du bien n’étant plus pris en compte, beaucoup de biens pourtant isolés sont désormais mal classés. Les professionnels immobiliers qui se retrouvaient subitement avec beaucoup plus de passoires qu’auparavant s’en étaient d’ailleurs inquiétés dès l’automne 2021.
les récentes modifications de calcul du DPE, entraînent donc une redistribution des logements au sein de l’échelle des performances énergétiques, elles rendent difficile l’interprétation des évolutions intervenues entre 2021 et 2022 sur la répartition des transactions selon l’étiquette énergie.
Le ministère de la Transition écologique a d’ailleurs revu sa copie en 2022, puisqu’il estime que le parc français compte 5,2 millions de logements énergivores, 400.000 de plus qu’il ne l’évoquait encore quelques mois auparavant. Les passoires F et G pèsent désormais 17% du parc: comme la part des passoires mises en vente en 2022.
Finalement l’inflation des ventes de passoires énergétiques serait peut-être mécanique, liée au nouveau mode de calcul du DPE plutôt qu’à un changement de comportement des propriétaires.